La base démocratique des syndicats français

Vous le savez, fidèles lecteurs, je suis très favorable à des syndicats force de négociation dans les entreprises.

Malheureusement la France n’a pas ce type de syndicats, mais plutôt des partis politiques alternatifs dont la base démocratique est insignifiante …


Les chiffres

Il n’est pas inutile de réviser les chiffres ; voici l’évolution du taux de syndicalisation depuis 50 ans :

Sachant que les salariés représentent environ 40 à 50% des plus de 18 ans (le reste correspond  aux sans emplois, aux étudiants, aux retraités, aux chômeurs et aux travailleurs indépendants : commerçants, artisans, professions libérales), ces chiffres signifient que la base représentative des syndicats est de 3% à 4% des électeurs français.

Comme chaque « gros syndicat » représente environ 15 à 35% de la masse, ceci signifie que la CGT (par exemple) trouve sa légitimité dans 1,2% du corps électoral et la CFTC dans 0,5% de ce même corps.

Pour fixer les idées, rappelons que Nicolas Dupond-Aignan a recueilli 1,79% des suffrages exprimés lors des dernière élections présidentielles (soit 1,4% du corps électoral) et Philippe Poutou 1,15% (soit 0,9% du corps électoral).

La France comparée aux autres pays

Il n’est pas inutile de comparer cette situation à celle des autres pays …

Le graphique suivant n’est pas inintéressant, il place sur un même graphique le « taux de syndicalisation » dont nous avons parlé ci-avant, et le « taux de couverture conventionnelle » c’est à dire le taux de salariés couverts par une convention collective.

La France n’est donc pas dans la situation des USA par exemple, où règne le « chacun pour soi », puisque des textes sont là pour régir les conditions de travail des salariés, mais n’est pas non plus dans la situation des pays nordiques où le bon taux de couverture conventionnelle s’accompagne d’une réelle représentativité des syndicats.

Pourquoi ?

J’ai déjà fait un article sur la représentativité des syndicats qui analyse les raisons historiques de la situation française et les perversions qu’elle porte en elle. Pour faire simple : « le fait que seuls les syndicats ayant eu une une attitude digne à la libération aient le droit d’être représentatifs » et « le fait que les syndicats affirment défendre tous les salariés et non seulement leurs adhérents », induisent un désintérêt pour la chose syndicale, qui devient une espèce de  service commun au même titre que la sécurité sociale ou pôle emploi.

Notons que l’histoire de certains syndicats est marquée par des périodes de réaction :

  • Le FO de Bergeron a cherché à lutter contre la politisation … Ses successeurs sont retombés dans l’ornière et FO devient petit à petit un syndicat de second ordre
  • la CFDT de François Chérèque a tenté refonder le syndicat sur un véritable dialogue … Pourvu que ses successeurs continuent le travail entrepris !

Conclusion

A chaque fois que j’entends un Bernard Thibault (je sais, il va s’en aller !) parler de façon docte, comme si il représentait la moitié des salariés français, voire la moitié de la population, et pousse un discours de leader politique,  je ne peux m’empêcher de penser qu’il a une base d’électeurs équivalente à celle de Philippe Poutou lors de la présidentielle …

Par contre, la base démocratique d’un Nicolas Sarkozy ou d’un François Hollande est de l’ordre de 40 fois supérieure …

A méditer.

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