Qui veut la peau des tradis ?

Dans un motu proprio du début de l’été 2021, le Pape François a clarifié la liberté d’exercice des rites traditionnels ; la presse française s’est immédiatement déchaînée criant à l’abus de pouvoir, l’intolérance, la haine et que sais-je encore … Et si on y regardait d’un peu plus près ?


Prolégomène

Il convient tout d’abord de remarquer que le document en question a été diffusé en Italien et en Anglais uniquement. L’Italien est normal (c’est la langue du Vatican), mais pourquoi en Anglais et pas dans d’autres langues ?

Peut être parce que l’avertissement s’adressait à certaines déviances américaines !

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Quelles sont les revendications des traditionalistes ?

Les traditionalistes, quelle que soit leur nationalité récusent les conclusions du concile Vatican II.

La presse parle pour l’essentiel des différences dans la façon de célébrer la messe (face aux fidèles ou non, en latin ou dans la langue nationale, en respect du Missel Romain ou non), mais là n’est pas la différence essentielle !

Le vraie différence réside dans un point du dogme catholique : Vatican II affirme que l’Esprit Saint est est dans le coeur de tous les hommes, quelque soit leur croyance, tandis que certains traditionalistes ne voient le salut que dans le respect des rites traditionnels.

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Ce qu’a apporté Benoît XVI dans la relation avec les traditionalistes

Le Pape précédent (Benoît XVI) avait ouvert la porte aux traditionalistes en reconnaissant la conformité des rites traditionnels ; il avait toutefois fixé des limites :

  • il fallait que l’évêque du lieu soit d’accord avec la célébration de telles messes dans son diocèse,
  • il fallait que certaines paroisses ne fasse pas sécession en ne célébrant que des messes selon les rites traditionnels,
  • il fallait que les différences dogmatiques s’apaisent.

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La dérive observée

Or des dérives sont apparues progressivement : certains évêques ne contrôlaient plus groupes traditionalistes (ou ne voulaient pas les contrôler) ; des groupes de fidèles faisant Eglise seuls sont peu à peu apparus.

Les ouvertures ont été de plus en plus utilisées pour creuser la division, alors que l’esprit initial était de favoriser le rapprochement.

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L’esprit du motu proprio traditionis custodes

Prenant conscience de cette situation, le Pape François a réagit en fixant très clairement les limites à respecter.

Le motus proprio introduit tout d’abord un durcissement dans le contrôle des évêques :

  • la relation avec les traditionalistes et dorénavant gérée par la congrégation pour la doctrine de la foi,
  • les évêques sont plus étroitement surveillés dans leur attitude vis à vis de certaines dérives.

Par ailleurs, il fixe certaines points de doctrine qui ne font pas partie de l’ouverture initiée par Benoit XVI, et qui sont donc exclus de la discussion.

Ceci étant posé, les rites traditionnels ne sont pas plus interdits qu’ils ne l’étaient dans le passé.

Bien évidemment, certains traditionalistes ont vu dans ces mesures « un recul » alors qu’il ne s’agit finalement que d’un retour à l’esprit initial.