La mondialisation

Voilà quelques décennies que j’écoute les discours politiques.

Il est toujours amusant de voir comment les mêmes événements sont interprétés de façon totalement opposée selon la période …


Avant-hier :

La colonisation était considérée comme une œuvre de bienfaisance, et les discours des grands penseurs ne seraient plus audibles aujourd’hui :

Jules ferry disait : « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […] Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation ».

Léon Blum ajoutait : « Nous avons trop l’amour de notre pays pour désavouer l’expansion de la pensée, de la civilisation françaises… Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie ».

Victor Hugo : « Que serait l’Afrique sans les blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires. L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touchée ».

Hier :

Les maîtres de la pensée unique tenaient le discours suivant :

  • Non, non non à la colonisation !
  • Non non non à l’asservissement des peuples, à la torture, à la barbarie ; la misère du tiers monde est un scandale,
  • Non à l’exploitation de leurs richesses par les pays nantis ; non aux entreprises capitalistes qui asservissent ces pays,
  • Luttons camarades pour qe ces pays se développent par eux-mêmes, accèdent à l’indépendance, se libèrent du joug de l’occident, développent leur industrie et leur agriculture et deviennent ainsi libres face à cet occident oppresseur.

Aujourd’hui :

Les enfants des « maîtres de la pensée unique d’hier » tiennent maintenant le discours suivant :

  • Non à la mondialisation,
  • Non aux délocalisations qui font fuir nos industries dans les pays à bas coût de main d’œuvre (NB: on ne dit plus « tiers monde », ou « pays en voie de développement »),
  • Non aux pays qui sous-paient leurs ouvriers, et ne leur garantissent pas le minimum de sécurité,
  • Non à la désertification de notre pays, orchestrée par les entreprises capitalistes rapaces, toujours à la recherche de nouveaux profits
  • Non aux licenciements boursiers … Nationalisons camarades !

Alors qu’au fond, il n’est guère arrivé que ce que nous appelions de nos vœux 20 ans auparavant.

Demain :

Je vous prédis qu’une nouvelle forme de protectionnisme va permettre de ramener une partie de notre industrie chez nous.

Du coup, l’emploi de la main d’œuvre « à bas coût », sera remplacé par l’emploi d’une main d’œuvre bien de chez nous … Avec ce que ceci suppose de sur-coût pour payer notre modèle social …

Les penseurs d’alors diront :

  • Non à l’augmentation du coût de la vie !
  • Non à l’arrêt de l’augmentation des fonctionnaires sur l’indice des prix !
  • Non à un modèle social français à deux vitesses,
  • Luttons camarades contre les multinationales rapaces qui développent leur activité en France au mépris de notre environnement,
  • Stop à ce gouvernement qui organise le renchérissement de la vie …

Alors qu’au fond, il ne sera guère arrivé que ce que leur parents appelaient de leurs vœux 15 ans auparavant.

Philosophie

Les grands équilibres sont toujours précaires.

Le vrai problème est que les politiques, avides de convaincre, essaient toujours d’incarner les tendances d’un moment dans des discours à caractère universel et définitif.

Il peut même arriver qu’ils se mettent à croire à leurs propres discours et se retrouvent ainsi à 180° des réalités, tout en continuant à déclamer leur crédo d’antan (cf Mélanchon)

Dure vie que celle des hommes et des femmes politiques …

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