Mais qu’arrive-t-il avec les dettes souveraines ?

Pourquoi la crise des dettes souveraines apparait-elle brusquement sur le devant de la scène ?

Y-a-t’il eu des cas similaires dans le passé ? Pourquoi les états acceptent-il tous (ou presque) d’entamer des plans de redressement rigoureux ?

Je vais vous en donner ma compréhension !

Des usages des dettes souveraines :

Comme vous le savez, les états peuvent avoir besoin de s’endetter selon plusieurs niveaux de dépendance :

le premier niveau est la nécessité de lisser les aléas des rentrées fiscales pour faire face aux charges permanentes de l’état, typiquement, le paiement des salaires des fonctionnaires.

En effet, même si les recettes fiscales couvrent statistiquement les charges sur une longue période, il n’en est pas de même de mois en mois … il est donc nécessaire d’avoir un réservoir de liquidités qui absorbe les à coup.

Ces dettes sont a priori des dettes à court terme, dont le remboursement ne pose pas de problème majeur.

Le second niveau se rapporte aux investissements structurel qu’un état doit faire ; à l’instar des entreprises privées, l’état a intérêt à emprunter pour construire des infrastructures qui lui rapporteront directement ou indirectement pour le futur (autoroutes, aménagements, infrastructure de communication …).

Ces dettes sont des dettes à plus long terme, dont le remboursement ne pose pas non plus de gros problème.

Le troisième niveau concerne des dépenses de fonctionnement non couvertes par les recettes fiscales mais dont on escompte la fin rapide ; typiquement, le paiement des pensions des retraités du baby-boom, étant entendu que ces retraités vont disparaitre naturellement et que la charge associée va disparaitre !

Ces dettes sont déjà un peu plus discutables, car elles ont pour objet d’alléger la charge d’aujourd’hui pour la repousser sur les générations futures … Mais bon, la situation créée est théoriquement transitoire !

Le quatrième niveau est atteint quand l’état emprunte pour payer des dépenses de fonctionnement non couvertes par les recettes fiscales, et qui n’ont aucune raison de baisser pour l’avenir !

L’état repousse ainsi ces charges sur les générations suivantes.

Le cinquième niveau est la phase ultime ! Elle est atteinte quand les états sont obligés de recourir au marché financier, non pour distribuer la richesse empruntée, mais pour payer les intérêts de la dette passée.

A ce stade, un état n’a plus aucun intérêt à rembourser.

Le cercle vicieux du niveau 4 :

Évidemment, les états qui approchent du niveau 4 vont avoir beaucoup de mal à abandonner les avantages de l’argent facile : comment dire aux fonctionnaires qu’on ne va plus les payer ?

D’un autre côté, si un pays approche du niveau 4, les financiers vont être pris entre deux raisonnements contraires :

  • primo : profiter du fait que les états ne peuvent plus se passer des crédits dispensés, pour augmenter les taux, et maximiser le rendement de leur investissement
  • secundo : éviter que les états passent au niveau 5, prélude à la cessation des paiements, et à la perte définitive des sommes prêtées.

L’approche de cette zone génère donc un grand mouvement de panique, des états et des financiers … N’essayez pas de comprendre, ils se tournent simplement autour comme des toupies folles :

  • les états pour profiter quelques mois de plus de l’argent facile,
  • les financiers pour profiter des taux élevés qu’ils veulent imposer, de préférence sans tuer la bête !

Conséquences du non remboursement pour un pays :

Contrairement à ce que l’on entend largement dans les médias, le remboursement d’une dette n’est pas une obligation absolue.

  • un particulier, après avoir liquidé ses biens pour rembourser partiellement ses dettes, peut mourir (je sais, cette hypothèse est bien triste !) et ses héritiers peuvent refuser l’ardoise ! Le créancier en est alors pour ses frais …
  • de même, une entreprise peut être mise en liquidation ! Ses actifs sont vendus aux enchères, et les créanciers font leur deuil des dettes impayées !
  • les états peuvent refuser de payer, et utiliser toutes les astuces pour diminuer la charge … (cf l’Islande en 2000 ou la Russie en 1918).

Par contre, si un état décide, même temporairement, de ne plus payer ses dettes, il se heurte immédiatement à un certain nombre d’inconvénients, parmi ceux-ci le fait que les créanciers ferment instantanément le robinet du crédit !

Si donc un état est au niveau 4  de la dette (il emprunte pour payer les fonctionnaires !), la situation devient rapidement critique et la solution est alors de refermer économiquement le pays, et trouver des mécanismes les moins douloureux possibles pour que la population se partage la maigre richesse produite. La méthode est généralement la dévaluation qui permet de ne pas diminuer le montant facial des salaires, tout en diminuant la richesse distribuée.

Les plans de redressement :

Pour éviter d’en arriver à ces extrémités, les états doivent se placer en dehors de la zone dangereuse (niveau 4) ; s’ils ont été trop loin, ils se doivent de faire marche arrière et mettre en oeuvre des plans de rigueur.

Les organismes financiers, non élus, et surtout moins responsables, se perdent dans la recherche de la posture la plus rentable.

Moralité

primo : les états qui se font harceler par les fonds d’investissement l’ont bien cherché !

secundo : les mécanismes financiers mis en œuvre quand un pays approche du niveau 4 sont instables … la crise, n’est pas le résultat d’un « pas de chance » généralisé, mais bien de l’inconscience coupable des états ET des fonds d’investissements.

tertio : je suis de plus en plus fâché contre ces organismes financiers tentaculaires, et surtout sans morale, qui génèrent pour leur profit exclusif, des instabilités que tout le monde paie !

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