Le seuil de pauvreté

13% des français vivent sous le seuil de pauvreté !

Mais qu’est-ce que le seuil de pauvreté ?

Définition

Allons droit au but, car le « seuil de pauvreté » est défini de façon très précise par l’INSEE :

En France, un individu peut être considéré comme « pauvre » quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 60 % du niveau de vie médian.

Attention, la définition du niveau de vie, n’est pas celle du salaire !!!

Le niveau de vie est ce qui reste pour vivre après paiement de l’impôt et des charges sociales – le niveau de vie des membres d’une famille est moyenné entre les membres de la famille.

Enfin, la définition de la médiane n’est pas celle de la moyenne !!!

Le niveau de vie médian est celui qui partage la population en deux, 50% gagne moins, 50% gagne davantage.

En France, le niveau de vie médian est de 1600 € / mois.

Sur cette base, 1,5 millions de salariés, soit 13%, « vivent sous le seuil de pauvreté » (c’est à dire disposent de moins de 960 € par mois pour vivre).

Ce que cela veut dire :

Petit rappel : le SMIC est à 1360 € (brut avant impôt), c’est à dire, qu’en première approximation, toute personne gagnant moins que 0,9 fois le SMIC vit sous « le seuil de pauvreté ».

Bien entendu, vivre sous le « seuil de pauvreté » est traduit par certains politiques comme un enfoncement progressif dans la précarité, la misère, la faim, les logements insalubres, l’absence de domicile, la soupe populaire … Comment peut-on vivre dans ces conditions dans un pays civilisé ?  Je ne vous fais pas de dessin …

Or, sans vouloir ignorer que certaines personnes ont de réelles difficultés de fin de mois, les définitions même de l’INSEE sont génératrices d’effets de bord ; prenons quelques exemples :

  • Dans un couple, lui gagne 1,7 fois le SMIC, elle ne travaille pas … ils vivent tous les deux sous le seuil de pauvreté.
  • Un étudiant travaille quelques heures par semaine au MacDo du coin … Il touche de tiers de SMIC … Il vit sous le seuil de pauvreté.
  • Une femme vivant depuis des années avec son ami, assure une permanence salariée pour le compte d’une association humanitaire … Elle est payée une poignée de figues … Elle vit sous le seuil de pauvreté.
  • Un industriel retraité touche une retraite modeste, mais dispose du capital provenant de la vente de sa société … Il vit sous le seuil de pauvreté.
  • Un homme a touché le RSA une partie de l’année, il touche maintenant le SMIC … Il vit sous le seuil de pauvreté.

Par ailleurs, la définition étant relative, le doublement, par un coup de baguette magique de tous les revenus en France ne changerait rien à la quantité de personnes « vivant sous le seuil de pauvreté ».

Autre exemple : une augmentation même faible du nombre de personnes touchant plus de 1,4 fois le SMIC est susceptible d’augmenter le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, simplement parce que la médiane peut bouger considérablement du fait d’effets mineurs, à cause de la bosse existante au niveau du SMIC… !

Pire : augmenter tous les bas salaires pour que tout le monde, absolument tout le monde, à temps complet ou partiel, touche au minimum 0,9 fois le SMIC, ne changerait rien non plus (c’est le miracle de la médiane par rapport à la moyenne !).

Cet indicateur n’est donc pas un indicateur de richesse, mais un indicateur technique de répartition de la richesse …

Conclusion

Le « seuil de pauvreté », est un véritable indicateur statistique, certainement très utile à l’INSEE.

Il a été affublé par la presse et certains politiques d’un nom accrocheur et générateur de peur ; il est largement exploité dans la communication publique pour déclencher incompréhension et révolte.

Comme par nature, il ne peut pas être rendu égal à zéro … il constitue donc une occasion périodique d’enfoncer un peu plus le message « la-précarité-vous-guette », et « voyez-Sarkozy-n’a-rien-résolu ».

Il me rappelle ce tract merveilleux de la CFDT il y a quelques années, qui disait en substance :

Nous luttons pour que tous les salariés soient payés plus que la moyenne !

Beau programme !


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