De la notion de couple …

Ce n’est pas être très visionnaire que de s’apercevoir que la notion de couple a considérablement évolué depuis 20 ans !

Est-ce si durable qu’on veut bien le dire ? Quelques réflexions …

Avertissement préliminaire

Le présent article essaie de traiter du grave problème social que constitue l’apparition en France de millions de couples séparés et de millions d’enfants déchirés.

Ce sujet demande beaucoup de précautions, car il est la somme de millions d’histoires individuelles, toutes douloureuses, toutes basées sur des évènements particuliers et uniques ; le fait de chercher des lignes de forces ne veut pas dire que j’ignore la complexité et la délicatesse du sujet.

Par ailleurs, je n’aborderai pas ici le sujet des couples homosexuels, errements sans intérêt social à mes yeux, sinon que les lobbies correspondants, en cherchant à banaliser voire détourner les notions de « mariage » et de « parentalité », troublent considérablement la compréhension des phénomènes pour les jeunes en quête de bonheur.

Le scénario standard

Chaque être humain a son histoire propre … Je ne cherche pas à caricaturer, mais en matière de vie conjugale aujourd’hui, le scénario standard est malheureusement bien connu :

  • Deux adolescents ou jeunes adultes s’aiment et trouvent naturel de partager rapidement le même toit, et le même lit,
  • Par soucis de continuité avec leur état « ante », et par peur de la rupture, chacun conserve son compte en banque, ses propres ressources,
  • Nos deux tourtereaux s’enfoncent douillettement dans le confort d’une vie maritale … Répondant au désir naturel de maternité de la tourterelle, ils se mettent à envisager des enfants,
  • Puis entre 5 et 7 ans après le début de leur union, passe un conflit un peu plus fort que les autres,
  • L’extase des réconciliations sous la couette étant moins éblouissant que par le passé, ce conflit commence à prendre toute la place au sein du couple,
  • L’un des deux conjoints prononce des paroles considérées par l’autre comme définitives,
  • Le couple se sépare,
  • A l’école, les enfants du couple entrent dans la normalité : comme beaucoup de leurs amis, ils passent un week end sur deux avec papa ou avec maman …

Analysons chaque étape et essayons de discerner les évolutions sociales qui se cachent derrière.

L’amour

Est-il important de rappeler que le couple est fondé sur l’amour de deux personnes ?

C’est sans doute inutile pour beaucoup ! Mais j’entends souvent des gens, pourtant très doctes, parler du couple, du mariage, des enfants, de la vie commune, de la vieillesse, de la mort … mais en oubliant de replacer tous ces évènements de la vie dans le contexte d’un amour profond entre deux êtres.

L’amour n’est pas un simple bouillonnement d’hormones, ou la recherche du plaisir (soyons honnêtes, c’est vrai au début !), c’est surtout une tendresse, profonde et véritable entre deux personnes qui se connaissent parfaitement et qui ont choisi de vivre et de surmonter ensemble toutes les difficultés de leur vie.

Je sais … sur un blog où sont passés en revue les phénomènes sociaux, cette première partie peut sembler un peu « gnan gnan » … mais si on fait abstraction de ce point essentiel, comment raisonner juste ?

Le mariage

Derrière la notion de mariage, il y a trois choses totalement différentes :

  • L’acte administratif,
  • La cérémonie, voire le sacrement,
  • La promesse,

Une des difficultés est que ces trois notions sont entrelacées, mélangées, ficelées ensemble et que la dérive d’un élément entraîne la dérive des autres.

Commençons par l’acte administratif – le mariage civil, comme on dit.

La première dérive, est que, le « mariage civil » étant ce qu’il est, le législateur à cru de son devoir de se focaliser sur les conséquences légales et fiscales de l’union entre deux personnes :

  • le PACS a été inventé pour établir un « contrat de vie commune » différent (les lobbies homosexuels s’en sont d’ailleurs emparés, comme chacun sait !),
  • le concubinage est également devenu un statut reconnu,
  • enfin, par extension, la simple co-habitation, devient un statut comme un autre.

Finalement l’acte administratif est devenu un outil d’optimisation fiscale … Ce dont les jeunes couples se fichent énergiquement !

Le conséquence est la « désacralisation » progressive de l’acte administratif : on s’aime, on se met ensemble … de toute façon, on ne paie pas d’impôts, alors pourquoi se compliquer la vie !!

La deuxième dérive est liée au piège tendu il y a bien des décennies par les gouvernements anti-cléricaux d’alors :

Depuis les lois sur la séparation de l’église et de l’état, le « mariage religieux » ne peut être prononcé (quelle que soit la religion) sans qu’ait été enregistré préalablement un « mariage civil » (j’ai bien dit « mariage » et non tout autre forme d’union reconnue). Ceci était initialement motivé par le fait que seul l’état est autorisé à tenir les registres de l’état civil, et qu’il fallait empêcher les « curés » de consacrer des unions obscures sans en référer à l’autorité publique comme cela se faisait avant la révolution.

Du coup, le piège mortel se referme doucement :

  • Un couple qui a choisi de se Pacser ou de rester concubins, pour des raisons fiscales, ne peut pas se marier à l’église, au temple, à la synagogue ou à la mosquée …
  • En réaction, les autorités religieuses pestent contre le pacs ou le concubinage en agitant le diable, la morale, la tradition, le péché …  alors même que le statut administratif devrait leur être totalement indifférent
  • Du coup chacun ressent un débat où l’obscurantisme se dispute avec le radicalisme, et devant ce panier de crabes, les jeunes couples rejettent les arguments des uns et des autres pour aller au plus simple : « pas de mariage civil, pas de mariage religieux ».

La troisième dérive est, à mon sens, la perte progressive du sens de la Promesse.

Je m’explique : La chose la plus importante, finalement, est la promesse solennelle de deux êtres qui décident de vivre ensemble, de tout se donner, de tout se pardonner, et d’avoir pour objectif de s’épauler l’un l’autre jusqu’à ce que la mort les sépare.

Cette Promesse ne peut pas être un simple « oui » dans un ascenseur ! c’est nécessairement un acte public, réfléchi, volontaire qui nécessite un minimum de solennité, en présence de leurs amis et de leur famille.

Or les autorités religieuses, conscientes du glissement de la société vis à vis du mariage, réagissent en subordonnant de plus en plus le mariage religieux à l’adhésion aux valeurs de la foi, ou a minima au témoignage d’une recherche sincère.

Du coup, les nombreux jeunes mariés, certes follement amoureux, certes désireux de se promettre mutuellement l’éternité, mais rarement habitués au vocabulaire religieux et à la signification des rites, ne comprennent pas, reculent par peur de se ridiculiser, ne supportent pas les étapes qui leur sont imposées.

La conséquence très claire est qu’ils abordent la vie conjugale commune sans avoir vraiment réfléchi au sens de la Promesse et à ses exigences … d’où une bonne part des difficultés.

Les conflits

Les conflits dans un couple sont-ils normaux ?

J’écris cette partie pour les jeunes couples qui me lisent peut être ! Parce que tous les vieux couples ne pourront s’empêcher de sourire à l’énoncé de la question !

la réponse est : oui, évidemment !

Parlons des hommes : Imaginez l’évolution d’un adolescent post-boutonneux qui 60 ans après devient un vieil homme plein d’expérience, avec toutes les étapes de sa vie, son mariage (bien sûr), son évolution professionnelle, l’arrivée de son premier enfant, sa réaction quand sa femme préfère ses enfants à lui même, ses 40 ans, ses tentations d’homme mûrissant, sa plénitude professionnelle, puis son déclin, le jour de sa retraite, ses premiers petits enfants, la maladie …

Parlons des femmes : leur « oui », leur première grossesse, leur corps qui évolue, leur belle famille, leur métier, leurs frustrations professionnelles, la tentation de partir, la peur du lendemain, la peur de vieillir, la fin de leur capacité à engendrer, les joies et les craintes de voir leurs enfants confrontés à la vraie vie, les petits enfants, leur mari qui prend sa retraite et reste dans leurs jambes, la vieillesse …

Ces deux évolutions parallèles ne se font pas sans heurt, sans incompréhension … bien sûr que les conflits sont normaux ! Et quelques fois durs et violents :

  • Normalement, le couple fondé sur la Promesse tient, car la rupture serait la trahison d’un engagement fort ! et surmonter les conflits n’est au fond qu’une question de temps, de capacité à tenir …
  • Le couple fondé sur un simple « accord de mise en commun », ne dispose pas des mécanismes qui permettent de surmonter les difficultés.

La séparation

La séparation est ainsi la conséquence d’un conflit non surmonté – trop dur pour l’un des deux conjoints – incompréhensible parce que personne ne leur a jamais dit que ca pouvait arriver.

Les freins sociaux et moraux disparaissent :

  • Plein de leurs amis sont séparés … L’échec du couple devient ainsi une espèce de fatalité,
  • Le travail de la femme lui permet d’assumer son éventuel départ, ou celui de son conjoint,
  • Le mariage religieux n’est plus considéré comme éternel …

Mais la banalisation ne retire rien à la douleur de la séparation !

Un espoir pour l’avenir

Je pense vraiment que l’essentiel est et reste la Promesse, fondée ou non sur une démarche religieuse.

L’autorité publique est et restera incapable de redonner de l’épaisseur à cette Promesse, engluée qu’elle est dans les débats latéraux stérilisants (les homosexuels, l’homo-parentalité, les droits des femmes, la législation sur le divorce, la législation du travail et la protection des enfants …).

Les autorités religieuses pourraient jouer un rôle de plus en plus important à la condition de proposer un accompagnement d’abord « social » et accessoirement « catéchétique » … Si elles se crispent sur la démarche inverse, elles seront à coup sûr remplacées par de simples associations qui viendront apporter leurs réponses au besoin d’absolu des futurs conjoints – Besoin d’absolu d’autant plus fort que les futurs conjoints en question seront de plus en plus les enfants des couples meurtris que nous connaissons aujourd’hui.

Pour une fois que la solution à un problème social ne relève pas de l’état !

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