Après Mai 68, Mai 2013

En mai 1968, j’avais 17 ans, et j’habitais face à la Sorbonne, sur le boulevard Saint Michel.

L’ambiance de cette période est donc parfaitement présente dans ma mémoire ; je sens pour la seconde fois de ma vie le même mouvement profond, incoercible, incontrôlable … Va-t’on connaitre un (nouveau) Mai 2013 ?


Mai 1968

On en a beaucoup parlé et reparlé ! Finalement que c’est-il vraiment passé en Mai 68 ?

Dans un premier temps, une lame de fond venue d’on ne sait où a tout submergé ; les exigences étaient très variables, souvent totalement irréalistes mais exprimaient globalement le ras le bol d’une attitude figée héritée de la guerre, des difficultés économiques, du paternalisme de ceux qui savent, du sérieux de façade, et des mille égoïsmes de la société …

Avec le début de la reprise économique, et surtout du printemps merveilleux de cette année 68, les jeunes ont voulu faire sauter les contraintes et dire : « la vie est belle, nous voulons en profiter … nous prenons le volant ».

La pensée réformatrice a été instantanément libérée, et 100.000 ou 200.000 jeunes ont décidé pendant un long mois de vivre dans la rue pour parler, débattre, imaginer, rêver, vivre … Le quartier latin est devenu le siège d’une manif permanente, émaillée de violences certes, mais qui a surtout témoigné d’une incroyable fraternité.

Puis les syndicats ont repris le mouvement à leur compte et l’impulsion donnée a été transformée en accords salariaux, puis en mise en place d’un nouvel équilibre des forces politiques … le rêve libertaire a été tué dans l’œuf.

Avec le recul, les manifs, les pavés, les CRS et les grands défilés unitaires n’ont été que des conséquences ponctuelles, voire des épisodes secondaires.

Par contre, l’esprit de 68 a fait durablement fait bouger les lignes dans notre pays.

Mai 2013

Avec la mobilisation permanente des jeunes de la Manif-pour-tous, avec les rendez vous des veilleurs tous les soirs, avec les conversations partout, dans toutes les familles, dans toutes les entreprise, je retrouve exactement la même ambiance qu’en 68 …

Les sujets sont certes différents ! il ne s’agit plus de la libération sexuelle et de la place du marxisme en France (comme en 68), mais des valeurs fondatrices de notre société, de la démocratie, de la place des jeunes.

Finalement, et si j’entends bien au delà des discours convenus, les jeunes nous disent :

  • « nous ne voulons pas des montages politiques droite-gauche du passé,
  • nous ne faisons pas confiance à la classe politique pour définir l’avenir,
  • nous ne voulons pas de la pensée unique,
  • nous ne voulons pas commencer dans la vie par 3 ans de chômage,
  • nous ne voulons pas des valeurs bo-bo (homosexualité, égoïsme, jouissance),
  • nous voulons vivre, croire en des valeurs humaines, être heureux, nous aimer normalement, avoir des enfants » …

Et voilà pourquoi 10.000 personnes se mobilisent tous les soirs pour aller à la manif-pour-tous.

L’autisme socialisme

Face a ce mouvement, je trouve que le pouvoir socialiste fait erreur sur erreur …

Soit ils ne perçoivent pas la véritable nature du mouvement, soit ils la perçoivent mais tentent de l’étouffer ; dans les deux cas, il commettent une grosse bourde politique.

Tourner le mouvement en dérision ne peut qu’attiser le feu qui couve, car de jour en jour les questions se précisent, et ceux qui les posent veulent des réponses.

le caricaturer en disant « homophobie, cathos sectaires ou extrême droite », et totalement hors de dimension par rapport aux enjeux.

Enfin, la recherche de l’affrontement (car clairement, c’est le rêve secret de nos gouvernants) est une absurdité puisque entre la police et les manifestants, les français ont toujours apporté leur sympathie aux manifestants.

Conclusion

Je ne sais pas ce que tout ça va donner …

Gardons nous d’en conclure des choses qui se décrivent dans les référentiels d’aujourd’hui : par exemple le retour de Sarkozy, ou la dissolution de l’Assemblée.

Je crois que tout ceci va déboucher sur du positif, mais comment ?

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