Mais où allons nous ?

Depuis plusieurs mois, j’ai commencé à rédiger des articles, et puis, insatisfait, je ne les ai pas mis ligne.

Le sujet qui me prenait la tête était et est toujours le suivant : Mais où allons nous ? Que va devenir le monde politique ? Allons nous enfin sortir des outrances que l’on nous inflige quotidiennement ?

La suite ci-dessous …


Il y a longtemps :

Avant, les choses étaient simples : il y avait la gauche et il y avait la droite :

La droite essayait de « remplir les caisses de la France », pour faire de notre pays, une puissance qui compte dans le monde,

Puis le désir des citoyens de profiter de la richesse prenant progressivement le dessus, la gauche arrivait au pouvoir la tête pleine d’idées généreuses, vidaient les caisses en distribuant les richesses (pas toujours à mauvais escient !), puis après avoir par trop affaibli le pays, était virée et remplacée par la droite,

Et le cycle recommençait …

Il y a un peu moins longtemps

La sophistication de l’économie a rendu plus ardue la gouvernance de nos pays, de sorte que la gauche et la droite ont eu, par nécessité, des programmes économiques pratiquement identiques.

Ceci a posé pour la gauche, un véritable problème vis à vis de l’électorat ouvrier, à qui elle n’a finalement plus grand chose à dire de « structurel ».

Alors comme il a bien fallu expliquer aux électeurs quelles étaient les différences entre la gauche et la droite, la gauche a inventé les « marqueurs », tandis qu’elle accusait la droite d’être « clivante ».

NB : Cette différence est amusante car un « marqueur » est une idée qui fait la différence (c’est supposé être positif) tandis que « cliver » consiste à prôner une idée qui créée une différence (c’est clairement négatif aux yeux des théoriciens de la gauche). Vous me suivez ?

Ainsi, selon la gauche : la droite est restée « ringarde et arriérée » tandis que la gauche montre la direction du progrès en désignant des valeurs d’avenir :

  • le mariage homosexuel  (alias le « mariage pour tous »)
  • l’euthanasie (alias « mourir dans la dignité », ou « arranger les comptes de la sécurité sociale »)
  • la prise en main de l’éducation des enfants (alias « la lutte contre les présupposés familiaux et les stéréotypes de classe »)
  • le rééquilibrage de l’électorat vers la gauche (alias « le respect de la diversité »)
  • la destruction des valeurs morales, freins à la promotion des « marqueurs »  (alias « la laïcité »)
  • l’établissement d’une police de la pensée (alias « le respect des valeurs »)
  • tous un tas de règles inventées pour la circonstance (alias les attitudes citoyennes et républicaines).

Toutes ces idéologies inventées pour se différencier, ont trouvé une forte caisse de résonance dans les médias modernes, qui ont besoin de ce « combustible » pour alimenter en permanence la machine à vendre du papier (ou de l’abonnement Internet !) .

Vous noterez au passage qu’aucun marqueur n’a de réelle ‘influence sur les sujets essentiels que nous avons collectivement à régler : le chômage, le rééquilibrage du pacte social français …

L’épouvantail et la bi-polarisation

Cette situation a conduit progressivement à une organisation politique bipolaire :

  • Le PS (moteur de l’union de la gauche) et défenseur des « valeurs » et des « marqueurs »,
  • L’UMP (rassemblant les sensibilités de droite hors les extrêmes), défenseur de la grandeur de la France et de notre compétitivité.

A coté de ces deux éléphants, 3 troublions :

  • l’extrême gauche, membre du « peuple de gauche », et dont la mission est de garder le contact avec le monde ouvrier, tout en l’invitant à voter PS le moment venu (cf l’attitude de Mélanchon en mai 2012)
  • le centre : groupes d’incontrôlables surfant sur une vague ou sur l’autre suivant le sens du vent,
  • le FN

Mitterrand, stratège politique hors pair avait alors, avec l’accord bien compris de Jean Marie Le Pen, organisé la diabolisation du Front-National pour empêcher l’UMP d’aller vers des idées trop à droite, le limitant ainsi dans sa base électorale.

La manœuvre était subtile :

  • définir un corpus d’idées supposées être celles du FN (l’immigration, le patriotisme),
  • interdire à quiconque d’évoquer ces idées, sauf à être classé FN,
  • organiser à tous les échelons de la société la chasse aux partisans du FN,
  • en contre-partie de tout ceci, assurer une place à ce parti sur l’échiquier politique.

Le piège a merveilleusement bien fonctionné et a empêché l’UMP de répondre à une frange toujours plus grande de son électorat.

La violence de la dictature de la pensée

Ce que Mitterrand a totalement sous-estimé, c’est la violence ressentie par ceux qui allaient subir la dictature de la pensée unique, ainsi organisée et théorisée autour du FN.

Etre soumis à un impôt inique ou à un réglementation déséquilibrée, peut justifier de descendre dans la rue, mais au fond, perdre ou gagner la bataille est relativement secondaire ; les discours peuvent suffire à apaiser ou re-orienter les ressentiments, car derrière la bataille politique restera toujours une certaine forme de respect entre les protagonistes (patrons/syndicats, jeunes/vieux …).

Par contre l’utilisation de l’ostracisation politique conduit à la haine, et la haine est toujours très difficile à extirper du cœur de l’homme.

C’est malheureusement ce qui nous arrive aujourd’hui :

  • Mitterrand a créé de toute pièce l’ostracisation stratégique du FN
  • Cette ostracisation a nourrit une haine sévère envers certains citoyens, haine qui a été utilisée par les partis politiques de façon outrageuse,
  • Par effet retour les adhérents et sympathisants du FN se sont verrouillés progressivement sur leurs positions, et diffusent aujourd’hui le poison du populisme (qui est comme vous le savez, l’absence totale de confiance dans les élites),
  • Le recours à des sentiments haineux a commencé à inonder tous les chapitres de l’idéologie de gauche,
  • une haine féroce a été orchestrée contre Nicolas Sarkozy (qui reste vomi par une partie importante de la population),
  • Par un savoureux effet de type « arroseur arrosé », cette haine s’est retournée contre François Hollande, qui est maintenant et durablement considéré par plus de 50% de la population comme un mou, un incapable, un menteur, un traitre,
  • François Hollande a utilisé à son tour l’arme de l’ostracisme contre les opposants au mariage pour tous. Il les a traité comme il aurait traité une tendance dissidente du PS, par la minimisation, l’absence de considération, la caricature des idées ; or les manifestants ne défendaient pas une prime de 200€, il défendaient l’idée qu’ils se faisaient de la famille, et ne demandaient au fond qu’à être écoutés !
  • Taubira en rajoute une couche tous les matins ; Duflot n’en loupe pas une ; les invectives volent bas, les accusations sont terribles, les jugements sans nuance …

Cette escalade est terrifiante :

  • il est maintenant acquis dans l’esprit des partisans de gauche que ceux qui sont contre les « marqueurs » sont des sous-citoyens, des anti-républicains, des suppôts du FN (ou pire de l’Église), des déchets à écraser du talon,
  • tandis que les sympathisants de droite deviennent totalement étanche à toute compromission, sont prêts à aller jusqu’au bout pour « bouter les idées de gauche hors de France ».

Nous allons vers une explosion politique (pas sociale, j’espère, mais nous n’en sommes pas loin).

La Brignolisation de notre paysage politique

A mon humble avis, nous venons d’assister avec l’élection cantonale de Brignoles à un évènement très important : le FN est dorénavant devenu un parti politique comme un autre.

D’ailleurs, la presse ne s’y est pas trompée : elle invite dorénavant les leaders du FN et ne cherche plus systématiquement à les piéger !

Les retardataires qui n’ont pas compris cette évolution, tiraillent inutilement, et leurs cris scandalisés ne changeront pas ce fait qui traduit comme je l’ai expliqué ci-dessus, un sentiment profond de révolte :

  • les partisans du FN ont décidé de ne plus se taire,
  • la droite modérée, blessée par l’absence totale de dialogue avec le pouvoir sur les sujets essentiels, ouvre la porte de la dé-complexation pour que la révolte éclate,
  • la gauche ouvrière entend un discours plus proche de ses préoccupations dans la bouche de Marine Le Pen que dans celle de François Hollande.

Le débat politique ne va donc plus être « bi-polarisé » (on vote, et nécessairement un parti est majoritaire), mais « tri-polarisé » (on vote, et il faut que deux partis s’entendent pour gouverner).

On pourra prendre le problème comme on veut, mais nous en sommes là.

Le paysage final

Je pense personnellement que, du fait de l’évolution décrite ci-dessus,  nous allons assister à un éclatement des grandes alliances.

Puisque que de toute façon, nous allons vers la « tri-polarisation », alors, pourquoi pas la « N-polarisation » à l’italienne ou à l’allemande.

La loi électorale, votée par les députés et sénateurs, qui eux-mêmes appartiennent à ces mouvances éclatées,  s’adaptera nécessairement à cette nouvelle donne.

Le paysage pourrait devenir comme suit :

De droite à gauche :

  • un FN qui va revenir à 10% et fera son fond de commerce du rejet de l’Europe et de l’euro,
  • une droite « décomplexée » qui sera pour une stricte application des contrôles à l’immigration et à la tolérance zéro,
  • une droite modérée prônant le libéralisme économique,
  • les sociaux démocrates prônant un libéralisme contrôlé,
  • la gauche du PS (y compris les écolos), fervents défenseurs des valeurs et des marqueurs,
  • l’extrême gauche brandissant toujours l’étendard de la lutte des prolétaires.

Tout élu, en particulier le Président de la République devra constituer une coalition pour gouverner ; or constituer une coalition est trop dangereux, puisque celle-ci peut avoir à évoluer dans le temps ; le président nommera donc un premier ministre pour ce faire.

Conclusion

Ce n’est plus la 5ème république, mais ça peut marcher ! non ?

Alors, au point où nous en sommes ….

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